Coucou mes noisettes, je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de mon rapport au corps. Comment j’ai détesté mon corps, comment je l’ai trahi pendant des années avant de me réconcilier avec lui.
Dés le plus jeune âge, les femmes intègrent les normes de cette société basées sur l’apparence. Nous sommes socialisées pour nous conformer aux attentes sociales relatives à notre rôle futur et présent : être discrète, douce, empathique, prévenante et sûrement « maternelle”. Nous devons impérativement prendre soin de notre apparence et que celle-ci corresponde aux critères de beauté féminine (en vigueur). Ce non respect à la règle étant réduit aujourd’hui à l’étendard de conviction féministe. Il m’a fallu des années avant d’oser prendre la liberté à laquelle j’ai le droit en tant qu’humaine, pour m’affranchir de tous ces diktats. Ne pas avoir honte de dire mon poids chez le médecin, de demander une taille de vêtement en boutique, d’aller à la piscine ou à la mer… D’oser avoir mon corps de femme dans tout ce qu’il comporte. J’espère que ce témoignage, pourra vous aider en ces temps de confinements où le corps devient bien souvent source d’auto-flagellation.
On ne nait pas grosse, on le devient…
Je me souviens de la première fois où, enfant, j’ai eu conscience que mon corps ne correspondait pas tout à fait à la beauté en vigueur. Je ne crois même pas que j’étais en surpoids. J’étais seulement une petite fille gourmande avec de bonnes petites joues à qui on répétait qu’elle était potelée.
Je me souviens de la première fois où j’ai eu honte de mon corps.
Je ne devais pas avoir plus de six ans et je suis sortie de la salle de bain en disant « de toute façon je suis grosse ». Je m’étais pesée sûrement pour la première fois seule et j’ai répété ce que j’observais chez les femmes de mon entourage.
mon corps était maintenant un chiffre qui prenait trop de place dans notre société.
Je ne devais pas avoir plus de huit ans et, pourtant, j’ai menti de quelques kilos à une amie quand elle m’a demandé mon poids après m’avoir dit le sien, moins élevé. Je me souviens avoir eu conscience que mes cuisses étaient plus larges que celles de ma voisine au centre de loisir, quand nous étions assises à la cantine. Ses cuisses à elle ne se touchaient pas, contrairement aux miennes. Je me souviens de ce sentiment étrange : cette honte noire qui m’a envahie. La honte qu’à huit ans, mon corps ne rentre pas, à quelques centimètres près, dans le moule normé du corps féminin moderne. Alors j’ai commencé à manger comme cette copine, à me restreindre. Malheureusement, à la fin de l’été quand le soleil est parti, il a emmené avec lui ma gourmandise insouciante et m’a laissé cette censure alimentaire.
Comment pouvais-je, si petite, avoir honte de mon corps, mon corps si fort, en bonne santé et plein de rêves ? Comment peut-on faire naître chez des enfants ce sentiment de ne pas être conformes, de ne pas aimer leurs cuisses, leur ventre, leurs bras ? Comment peut-on susciter si tôt chez les femmes cette obsession pour leur apparence, cette détestation de quelques centimètres de chair ? Cette idée que leur intérêt et leur valeur sont tout entiers déterminés par un chiffre, un poids sur la balance, un tour de taille ?
J’ai peur, souvent, pour les filles qui naissent et grandissent autour de moi.
J’aimerais leur dire de ne pas s’inquiéter car je sais qu’elle s’en inquièteront. En tant qu’enseignante, j’ai vu toutes ces petites me regarder avec leurs grands yeux et me dirent « t’es belle maîtresse » et dans leur bouche à elle, ça n’avait pas le même sens que dans les bouches de leurs camarades. Vous vous souvenez peut-être de mon partage, il y a quelques années, quand j’avais décidé d’arrêter de me maquiller en tant qu’enseignante pendant plusieurs semaines à la suite d’une réflexion en apparence anodine mais qui révélait à mon sens un mal-être que je ne souhaitait pas encourager.
J’aimerai qu’elles ne connaissent jamais cette honte, qu’elles soient libres d’avoir le corps qu’elles veulent, d’être qui elles veulent. J’aimerais dire à l’enfant que j’étais que ses cuisses sont belles, que jamais sa valeur ne sera relative à un chiffre. Je lui dirais que sa force et sa joie de vivre lui permettront d’atteindre bien plus d’objectifs que son reflet dans le miroir, que c’est ça qu’elle doit cultiver avant tout ! Que si elle veut, elle peut-être forte, inspirante, avec des tas de rêves et de passions et lui dire que ses failles et ses vulnérabilités ne sont ni son poids, ni ses cuisses, ni ses cheveux bouclés et que jamais rien ni personne ne pourra l’empêcher de devenir une femme qui a du charme et rayonne !
Cette femme puissante, libre et indépendante.
Déconstruire les croyances limitantes et les complexes
Mon expérience m’a démontrée qu’un complexe ne nait pas d’une réalité mais d’une croyance limitante, qu’on est jamais « assez » et toujours « trop ». J’ai travaillé énormément sur moi ces dernières années pour déconstruire mes croyances les plus profondément ancrées. Voici 5 astuces pour déconstruire des croyances limitantes, qui m’ont personnellement beaucoup aidée dans ce processus et qui je l’espère feront écho en vous.
1- Le chiffre ne nous définit pas
A taille de confection égale, les patronages varient d’une marque à une autre, ce n’est pas vous qui passez du 36 au 44 mais ce sont les fabricants qui pratiquent le “vanity sizing”, autrement dit ils adaptent les tailles à la saison afin d’augmenter les ventes. En effet, le marketing a remarqué que nous apprécions acheter une taille inférieure. Je vous conseille donc de faire en sorte de bien connaître votre morphologie et d’appréhender votre silhouette en 3D pour justement ne plus regarder uniquement les tailles mais surtout les formes de vêtements; les patronages et les coupes qui vous vont. Prenez l’habitude de regarder votre silhouette dans son ensemble et de ne pas vous focaliser sur une zone. Je suis certaine que bientôt vous ne verrez même plus les chiffres et tant mieux !
2 – Nos pensées ne sont pas la réalité, elles ne nous définissent pas
Vous pouvez repartir chaque jour avec un autre regard sur vous. Tout va dépendre de votre volonté. Il ne s’agit pas d’essayer quand on soigne son cerveau qui est souvent dans une dualité. Je vais essayer n’existe pas pour lui, soit je fais, soit je ne fais pas. Ainsi, pour démarrer la journée, je vous invite à écrire 5 qualités que vous vous reconnaissez et dont les autres vous gratifient, puis à les lire à voix haute pour vous entendre l’affirmer à vous même.
3- Identifier 5 croyances limitantes
Une croyance est une pensée à laquelle nous sommes attachés depuis des années. À la naissance, chaque bébé est unique et avide d’apprendre, pour nourrir notre connaissance du monde, on va s’identifier aux personnes miroirs qui nous entourent et nous laisser guider par leurs principes, leurs valeurs et leurs croyances que nous allons progressivement nous approprier. Dés lors, l’enfant se met peu à peu en pilotage automatique, il ne remet pas en question ces croyances limitantes qui l’ont construite, il fait siennes les croyances de son entourage. Par exemple « il faut un bon diplôme », « il faut être persévérant et faire des efforts », « dire non à autrui c’est être méchant, je dois accepter quand on me demande quelque chose » « je suis grosse ». Pour toutes ces raisons il me semble primordial de travailler à distinguer nos valeurs, de nos croyances.
Rappelez vous toujours que la réaction des autres ne vous appartient pas, vous n’avez pas de prise sur elle, mais bien sur vous-même. Pour ce faire, il vous faut vous débarrasser de deux comportements qui vous entravent : l’attente (celle d’être reconnu, remercié, valorisé) et la culpabilité. Je vous invite donc à vous poser les questions suivantes :
– Quels sont mes conditionnements ou pensées limitantes ?
– Comment devrais-je être ?
– Que devrais-je faire ?
– Qu’est-ce que je ne supporte pas ?
– Qu’est-ce qui devrait changer ?
– Quelles sont les phrases que je commence par « je dois », « il faut » ?
4 – Affirmer plutôt que nier
Je sais que vous pensez que vous êtes devenue comme cela mais vous n’êtes pas ça. Par exemple : Si vous vous dites que vous manquez de confiance en vous, cela veut dire que vous avez déjà eu confiance en vous et que vous avez perdu cette confiance. Vous pouvez donc la retrouver plutôt que de vous mettre des limites à dire que vous n’en avez pas. Programmez votre cerveau en mode affirmation plutôt qu’en négation.
5 – De la pensée à la croyance
Ce ne sont pas nos pensées, mais l’attachement à nos pensées qui cause la souffrance. S’attacher à une pensée, c’est croire qu’elle est vraie, sans la remettre en question. Ces pensées ne font que passer, ne demeurent jamais. Elles n’ont aucun pouvoir jusqu’à ce que nous nous y attachions comme si elles étaient vraies. Qui ou que serais-je sans cette pensée ? Comment serait ma vie sans cette pensée ? Fermez les yeux et visualisez votre nouvelle vie, composez-vous une nouvelle garde-robe de vêtements de joie, de bonheur et de confiance choisis par vous et rien que vous. Prenez le temps, chaque jour, de retourner dans cet état de vie où vous vous libérez de vos conditionnements. Et imprimez les phrases qui suivent en vous.
Enfin je finirais par ces conseils :
Surveillez vos pensées : elles devancent vos paroles,
Surveillez vos paroles : elles deviennent vos habitudes,
Surveillez vos habitudes : elles deviennent votre caractère,
Surveillez votre caractère, il devient votre destinée…
Les articles « lettre entre nous même » sont des billets de développement personnel, ils sont là pour nous aider à réfléchir entre nous. Tu en retrouveras sur différents sujets sur le blog.
Bravo pour cet article très bien ficelé et nourri Lucile.
Sujet pouvant paraître commun mais pourtant toujours aussi problématique qu’est le rapport à notre corps, dans notre société.
Ta réflexion vaut vraiment d’être lue et amène, en ce qui me concerne du moins, à une prise de conscience plus approfondie. Merci !
Bonjour Adeline, j’en suis vraiment ravie dans ce cas 🙂 A très vite j’espère !
Bonjour Lucile ,
Ton article est très intéressant.
En te lisant, cela m’a replongé dans mon enfance.
J’entendais les adultes parler entre-eux de mon corps qui était « trop maigre », « sans formes », « les cuisses aussi maigres que les mollets »
Donc on considérait que j’étais malade et trop fragile !
J’étais une petite fille heureuse, bien dans ses baskets, je ne comprenais donc rien !
Avec l’âge, les comparaisons avec les sœurs, les copines, je me suis interrogée et j’ai développé des complexes.
Tout part de l’enfance et du comportement des adultes qui sont les premiers modèles et représentants du reflet de la société.
Nous avons toutes une singularité et unicité à aimer.
Attention les adultes aux mots, réflexions, jugements utilisés envers les jeunes ou moins jeunes enfants qui comprennent et ressentent parfaitement TOUT !
Cela peut avoir des conséquences désastreuses……
Bonsoir Sophie, en effet j’ai essayé justement de ne pas « résumer » les maux du corps à une seule représentation à mon sens il y a autant de complexes que de croyances et la société arrive très bien à créer un modèle tellement restrictif qu’il est excluant pour « presque » tous.
On est toujours trop ou pas assez. De la même manière j’ai parlé des femmes, mais tous les genres sont à mon sens touché. Prends bien soin de toi ! À très vite j’espère…
Très bel article !
Merci Julie !